« Probablement le plus grand plaisir jamais vécu… »

Toby Hodges met à l’honneur le Dragonfly 36 dans Yachting World, magazine de référence dans le monde du nautisme. Hellomulti est fier de partager avec vous cet article consacré à ce multicoque, élu Multicoque de l’année 2025 dans la catégorie Voile Sportive.

Nous nous préparons alors qu’une nouvelle rafale contourne la
côte, assombrissant la couleur de l’eau. J’abats au moment où elle
frappe, et le Dragonfly réagit instantanément, vibrant de puissance
tandis que l’aiguille du loch grimpe jusqu’à 20 nœuds.
Et tout cela en tenant la barre d’une main et en filmant avec mon
téléphone de l’autre.

Je regarde ensuite la vidéo, plusieurs fois : personne ne bouge ni
ne lutte avec les écoutes. Au contraire, nous sommes quatre à
plaisanter ou à sourire largement, emportés par la joie pure.
En résumé, ce yacht fixe une nouvelle référence en matière de
plaisir à la voile.

Mardi 12 mai 2025 à Skaerbaek, au Danemark, fut une journée spéciale, un moment marquant de ma carrière
de marin. J’essaie d’ordinaire de rester objectif lors de mes essais, mais j’avoue être tombé sous le charme de cette drôle de bête ailée – un coup de foudre immédiat. J’accepte pleinement que ce trimaran de croisière rapide ne conviendra pas à tout le monde, et je vais expliquer pourquoi. Mais après deux journées exceptionnelles passées à bord, je suis aussi convaincu qu’il s’agit du nouveau bateau le plus réussi de l’année – avec 28 commandes avant même que ce premier exemplaire ne soit lancé !

Dragonfly construit des trimarans près de Kolding depuis 1967, entreprise familiale des Quorning. Leur série de 36 pieds associe un design moderne et un savoir-faire technique, avec des coques légères, des étraves fines fendantes et des flotteurs repliables en composite. Bref, un croiseur super-léger avec du sérieux.
Depuis le petit village danois de Skaerbaek, où sont installés les Dragonfly, nous avons descendu la colline et mis à l’eau, hisser la grand-voile et code 0, puis pris le large. Tout est devenu fluide et rapide dès que le bateau a quitté le quai. Dès les premiers bords, sous le grand cockpit arrondi et rembourré du Dragonfly , je n’ai ressenti aucune gêne – l’alchimie s’est faite immédiatement.

Mardi 12 mai 2025 à Skaerbaek, au Danemark, fut une journée spéciale, un moment marquant de ma carrière de marin. J’essaie d’ordinaire de rester objectif lors de mes essais, mais j’avoue être tombé sous le charme de cette drôle de bête ailée – un coup de foudre immédiat. J’accepte pleinement que ce trimaran de croisière rapide ne conviendra pas à tout le monde, et je vais expliquer pourquoi. Mais après deux journées exceptionnelles passées à bord, je suis aussi convaincu qu’il s’agit du nouveau bateau le plus réussi de l’année – avec 28 commandes avant même que ce premier exemplaire ne soit lancé !

Dragonfly construit des trimarans près de Kolding depuis 1967, entreprise familiale des Quorning. Leur série de 36 pieds associe un design moderne et un savoir-faire technique, avec des coques légères, des étraves fines fendantes et des flotteurs repliables en composite. Bref, un croiseur super-léger avec du sérieux.
Depuis le petit village danois de Skaerbaek, où sont installés les Dragonfly, nous avons descendu la colline et mis à l’eau, hisser la grand-voile et code 0, puis pris le large. Tout est devenu fluide et rapide dès que le bateau a quitté le quai. Dès les premiers bords, sous le grand cockpit arrondi et rembourré du

Dragonfly, je n’ai ressenti aucune gêne – l’alchimie s’est faite immédiatement. Dans la brise instable de 12-15 nœuds, sous Code 0, le trimaran accélérait comme une annexe, à 12-13 nœuds moyens, et jusqu’à 15-17 nœuds dans les rafales. Il plane presque en permanence, surtout au travers, et reste stable dans 12 nœuds et plus. Le bruit de sillage est minimal. La barre est directe, engageante et sportive : on a l’impression de piloter une petite voiture de sport. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que si vous placiez un passionné de monocoque performant à la barre lors de cette première session, il serait conquis sur-le-champ. C’est vraiment impressionnant.

APRÈS LE DÉCOLLAGE

Avec le grand SPI asymétrique bleu hissée, le Dragonfly 36 filait confortablement au portant : 12-13 nœuds moyens, 17-20 nœuds dans les rafales. Un comportement grisant mais aussi stable : pas de départs au lof incontrôlés, car le volume des flotteurs transforme l’énergie en portance.

Comment ? C’est le premier Dragonfly doté d’une étrave inversée sur la coque centrale. Grâce à cela et aux sections asymétriques des flotteurs (avancés par rapport à la coque centrale, le bateau gagne en stabilité et reste agile. Lors d’un test de vitesse, nous avons atteint 20,5 nœuds sur eau plate – comparable à un jet ski ! 

Jens Quorning, CEO et concepteur, insiste : ce n’est pas tant la vitesse brute qui compte, mais la taille de ton sourire à la barre. Sous spi, nous avons longé les fjords danois à grande vitesse, virements et empannages serrés au ras des arbres. Les deux winchs près de la barre suffisent à tout gérer en équipage réduit. Certes, le cockpit peut paraître un peu serré, mais on gagne en efficacité. Malgré leurs milliers d’heures d’essais du Dragonfly, la famille Quorning et leur représentant britannique, Al Wood, s’épanouissent toujours en navigation sur ces bateaux.

Un des grands plaisirs d’un trimaran de performance est de retrouver les sensations d’un monocoque au près. Avec sa barre unique en carbone, le Dragonfly décolle le flotteur au vent, glisse sur une surface minimale et file droit. Pas besoin de régler sans cesse, la barre reste équilibrée : sur tribord, je pouvais lâcher la roue et le bateau continuait sur son cap. Nous devions légèrement reprendre le cap sur bâbord – certainement un léger désalignement de la dérive qui sera repris par le chantier.

Jour 2 – Vent léger Lors du deuxième jour, nous avons testé le bateau par vent plus faible. Le 36 a encore impressionné : 8,5 nœuds au près à 40° du vent réel, 7-13 nœuds constants. Ce sont des chiffres dignes d’un monocoque de course, grâce aux coques étroites, au mât carbone rotatif et au centrage des voiles. Nous nous sommes aussi mesurés à Peter, le fils de Jens, qui naviguait solo avec un all-carbon 40 Performance, et la différence était minime : le 36 tenait la comparaison !

Le 36 est une machine capable d’atteindre ou de dépasser la vitesse du vent, variant de 5 à 20 nœuds, et peut atteindre environ 24 nœuds en mer calme. Bien qu’il soit difficile de juger de sa
performance dans des vagues, le 36 réagit parfaitement à chaque rafale de vent et exécute
aisément les empannages et virement de bords. Le soir, en remontant un autre fjord au soleil couchant, assis seul dans le cockpit chauffé et profitant des sièges confortables, j’ai savouré cette douce évidence : ce bateau donne un plaisir rare. Ce soir-là, nous devions nous amarrer au superbe sanatorium reconverti près de Kolding, un lieu exceptionnel, et pourtant, je n’arrivais pas à quitter la barre. Une fois le Dragonfly à l’arrêt, on commence à comprendre qu’il s’agit d’une véritable fusion entre conception et ingénierie

EVOLUTION TECHNIQUE

Tout repose sur le système Swing Wing, inventédans les années 1980 par Jens et son père Borge : les flotteurs se replient contre la coque centrale grâce à un jeu de câbles et de winchs. En une minute, sans quitter le cockpit, le trimaran se replie pour accéder aux marinas.
Mais la vraie nouveauté ici est l’usage de connexions en inox pour supporter jusqu’à 25 tonnes de compression. Une première pour Dragonfly, résultat de dix ans de travail. Quand les flotteurs se replient, ils soulèvent légèrement la coque centrale – une astuce ingénieuse qui montre que ce 36 n’est pas seulement un jouet de vitesse, mais une œuvre d’ingénierie raffinée.

Pour augmenter la longueur totale, la largeur est réduite de 8,12 m à seulement 3,7 m. Il faut aussi prendre en compte le gréement – avec un mât de section ronde sur le pont posé sur les flotteurs repliables, ce qui demande de la créativité. Le chantier utilise des mâts en carbone intégral depuis le début des années 1990, extrêmement solides et profilés ronds, spécialement conçus pour le système Swing Wing. Les haubans fractionnés façon pataras peuvent être tendus avec les flotteurs repliés ou dépliés. Le bateau d’essai était équipé de deux prises de ris profondes, avec un palan 3:1 sur la bordure de grand-voile, permettant de border à l’aide du winch sans quitter le cockpit.

Dragonfly garantit que ses modèles peuvent naviguer en solitaire, comme l’a prouvé la victoire à des épreuves comme la Silver Rudder Race au Danemark. Toutes les drisses et écoutes passent sous le pont jusqu’aux winchs Andersen situés à portée de barre. Une bôme avec palan et poulies est utilisée des deux côtés (au lieu d’un rail d’écoute), servant aussi de hale-bas rigide et aidant à libérer l’espace du cockpit. Le bout-dehors compact abrite l’enrouleur de Code 0, assez robuste pour servir de marche lors des amarrages par l’étrave et gardant la chaîne d’ancre dégagée de l’étrave inversée. 

Pour la croisière, le 36 peut embarquer jusqu’à 1500 kg de charge utile, dont 200 kg dans chaque flotteur. La plupart des propriétaires rangent leurs annexes sur le trampoline.
Une finition de bon goût, quoique conservatrice, mais un usage intelligent de l’espace. Le carré dispose de longues banquettes, celle de bâbord pouvant se convertir en couchette, tandis que la couchette avant est accessible par une cloison épaisse, avec une porte coulissante pour l’intimité.

MOUILLAGE

Dragonfly utilise depuis des décennies une dérive relevable au centre de la coque centrale pour réduire le tirant d’eau. La planche de 80 kg bascule en cas d’échouage, maintenue par des cames sous la coque (testé !). C’est une autre caractéristique qui montre l’attention portée par le chantier à la conception, surtout la cloison avant renforcée. Le safran se relève également, avec un système de sécurité similaire. Façonné en fibre de carbone par Marsstrom, il est ultra-léger et conçu pour éviter la ventilation à haute vitesse. La voile d’avant est montée sur un enrouleur entre les flotteurs, permettant de s’échouer facilement – pas idéal pour gérer le poids, mais cela garde le bruit de l’ancre hors de l’intérieur et libère de l’espace.

INTÉRIEUR

Vous avez déjà profité des sensations de navigation et vous trouvez maintenant la « plage isolée » pour la nuit. Le 36 offre-t-il un confort de croisière suffisant ?
Oui… tant que vous acceptez les compromis nécessaires. Ce n’est pas synonyme de minimalisme : l’intérieur du 36 est moderne, avec menuiserie artisanale (frêne clair ou en orme). L’espace est limité, mais c’est un bateau de croisière compact à un prix compétitif. Pas de grandes options d’aménagement : la dérive centrale et les cloisons sont fixes. Cela laisse tout de même un carré spacieux avec 2 m de hauteur sous barrots, de longues banquettes, de la lumière naturelle, une ventilation et des rangements. Une table rabattable s’abaisse pour
transformer le carré en couchage double.

La cabine arrière s’étend sous le cockpit, avec assez de hauteur assise pour être confortable, mais avec des rangements réduits. La penderie face à la salle d’eau est le seul espace de rangement vertical (et à mi-hauteur). Les toilettes sont compactes mais pratiques, avec douche intégrée. Les cloisons principales des Dragonfly sont en vinylester renforcé de carbone, avec une mousse divinycell à cellules fermées pour garantir leur insubmersibilité. Quatre anneaux en inox permettent de sortir facilement le bateau de l’eau.

NOTRE VERDICT

Je ne suis pas le seul à penser que les Dragonfly sont (malheureusement) chers. Mais le mélange d’ingénierie, de design et de construction composite rend le bateau robuste, durable et gratifiant. Quand les petits trimarans hautes performances sont rares, et que le 40 est trop grand, le Dragonfly 36 coche toutes les cases et ajoute un atout majeur : sa stabilité sous voiles. Les inconvénients ? Un intérieur compact, mais équilibré par une couchette arrière double et un carré spacieux.
Ce n’est pas un bateau conçu pour les longues traversées avec beaucoup de stockage. Si votre but est avant tout de profiter du plaisir de naviguer, le DF36 est relativement pratique. Après avoir testé des centaines de bateau, celui-ci se distingue vraiment. Le seul problème, c’est qu’en vous disant cela, je viens peut-être d’allonger la file d’attente pour en obtenir un !